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Mouvement de libération kurde : Le handicap géopolitique.
Ayoub Barzani. Avril 1995. No 15. Tiré de l’appel du Kurdistan.


Pour arriver à destination, ne dépend pas du cheval des autres.


Depuis l’élection d’un parlement au Kurdistan d’Irak en mai 1992, les trois ministres des affaires étrangères, turc, syrien, iranien, se rencontrent régulièrement. Alertés par la formation d’un gouvernement kurde et par la revendication d’un Etat démocratique irakien fédéré multipartis. La démocratie fait peur à ces Etats car elle signifie la désintégration des systèmes politiques en place, imposés par les chars et la répression. Ce mini Etat, à cause des conditions géopolitiques, paraît être en cage. La guerre fratricide qui se passe aujourd’hui entre le PDK et l’UPK est due- à part la responsabilité indéniable des deux dirigeants Massoud et Jalal- à l’influence invisible de la Turquie, de l’Iran et de la Syrie sur les affaires du Kurdistan.

C’est donc un facteur géopolitique qui joue essentiel-lement contre le mouvement de libération nationale kurde. Il produit un déséquilibre considérable des rapports de forces. Le mouvement de libération kurde se trouve dans des circonstances militaires, économiques, politiques et psychologiques défavorables face aux Etats occupants, Irak, Iran, Syrie et Turquie. Ces Etats considèrent que les kurdes représentent la menace la plus grave pour leur souveraineté territoriale.


C’est notamment pour y faire face que des accords ont été signés :

- Saadabad en 1937.
- Le pacte de Bagdad en 1955
- L’accord d’Alger en 1975, etc

Plusieurs exemples montrent que la carte kurde est sans cesse utilisée dans l’intérêt de l’un ou l’autre Etats, toujours aux dépens des Kurdes eux-mêmes.

C’est l’enjeu politique iranien qui a contribué à l’échec de deux grandes révoltes kurdes, celle de Ihsan Nouri Pasha à l’Ararat en 1930 et celle, 40 ans plus tard, du général Barzani, qui est mort aux USA le 2 mars 1979.

La rivalité entre les camps capitalistes et socialistes a aidé un grand nombre de peuples. Pendant la guerre froide, ils ont accédé à l’indépendance, tandis que les Kurdes n’ont pas bénéficié, eux du soutien efficace du camp socialiste. Et le handicap géopolitique a fait que le mouvement de libération nationale du Kurdistan reste l’enjeu des puissances dominantes dans la région, soutenues par les puissances capitalistes ou socialistes.

L’histoire montre que le rôle qu’ont joué les Etats voisins lors des diverses révoltes kurdes.  La révolte de Mustafa Barzani, entre 1961 et 1966 a été coupée du monde extérieur, la presse internationale ignorait ce qui se passait car la Syrie, la Turquie  y étaient hostiles et ne laissaient filtrer aucune novelle de cette révolte vers le monde extérieur.

C’était une asphyxie médiatique. En 1963, l’armée de Damas intervient aux côtés de l’armée de Bagdad pour écraser la révolte. Ankara ferma ses frontières, comme Téhéran.

Le soutien de l’Iran s’ajoute à celui des Américains ente l1970 et 1974. Les Américains étaient alertés par les rapports irako-soviétiques et le soutien de la révolte kurde était dans leur intérêt. Mais les dirigeants du PDK crurent  à un soutien durable, et même que Washington soutiendrait leur mouvement indépendamment de l’Iran. Cette aide fut néfaste aux Kurdes dans plusieurs sens : l’hostilité envers le mouvement kurde iranien augmente. Le leadership kurde a montré alors moins d’attention aux besoins de la classe paysanne, dont il dépendait essentiellement auparavant. Les principaux responsables de la révolte réhabilitent les aghas mercenaires, leur attitre arrogante est ressentie par le peuple comme un mépris pour leur lutte et les sacrifices énormes qu’il a consentis.

Depuis 1984, date ou le PKK a commencé sa lutte, les trois parties du Kurdistan sont en révolte. Vu leur faiblesse numérique, les Kurdes de Syrie participent aux luttes voisines en l’occurrence celle du PKK. Tandis que le gouvernement baasiste de Damas nie l’existence, l’identité et les droites des Kurdes sur son territoire. Il considère que les Kurdes de Syrie sont ceux qui ont fui la répression de la Turquie, sa rivale. Damas est la seule capitale qui laisse ses Kurdes lutter ailleurs. La Turquie, avec l’eau de l’Euphrate et du Tigre, possède des moyens de pression efficaces contre ses deux voisins arabes. Si le gouvernement d’Ankara mène une lutte sans merci et une répression cruelle sur les Kurdes du PKK et sur sa population kurde, il s’entend pour obtenir l’aide du PDK de Barzani et tout récemment de Jalal Talabani pour tenter écraser les kurdes du PKK en Irak.

On voit clairement que durant ces deux dernières décennies, les Etats dominant le Kurdistan ont soutenu le mouvement de libération kurde pour leur propre fin. Aucun n’aide tel ou tel mouvement pour une victoire, pour la création d’un Etat kurde, ou pour une autonomie, mais pour arracher des concessions des Etats opposés. On l’a vu avec l’accord d’Alger en 1975, les Etats se sont arrangés entre eux, le moment venu sur le dos des Kurdes.

La source des guerres fratricides des Kurdes est donc due en grande partie à leur dépendance en vers les Etats dominants. Dans les quatre Etats, les services secrets spécialisés du problème kurde sont à l’œuvre et contrôlent pratiquement la totalité des activités kurdes chez eux. Ils essaient habilement de pousser les dirigeants kurdes dans des directions qui conviennent à l’intérêt de l’Etat. Cette influence sur les partis politiques kurdes les empêche de former un front uni, avec un programme bien défini qui guide leur lutte. Les divisions favorisent le contrôle étatique sur les actions du mouvement national kurde.

L’aide fournie par un Etat dominant s’est toujours révélée empoisonnée. Un proverbe kurde dit : Pour arriver à destination, ne dépend pas du cheval des autres.