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Intériorisation constante de l’action politique kurde- Iraq.

 “Always stand on principle, even if you stand alone.” John Quincy Adams (1767-1848),
6th US President

Hishyar Barzani
08.05.2011                                                                                                                                        
                                                                                                                                                                                            
Au lendemain de la première guerre mondiale le Kurdistan s’est retrouvé entre quatre espaces étatiques. Ce contexte a engendré quelques faits durables dans « le temps et dans l’espace ». Quelques exemples de ces faits durables sont: les alliances occasionnelles et permanentes, l’intériorisation ou l’extériorisation de l’action politique kurde, que je vais tenter d’analyser brièvement ici.
Les alliances occasionnelles étaient nombreuses et surtout au cours de ces trois dernières décennies. Durant de nombreuses années, le PDK et l’UPK étaient des ennemis acharnés. Tour à tour, ils ont noué, l’un contre l’autre  des alliances, à la fois politique, militaire, et économique, non seulement avec Ankara, Téhéran, Damas et Bagdad,… mais aussi avec d’autres partis politiques kurdes comme les socialistes, les communistes, les islamistes,….et ceci uniquement pour combattre l’autre parti considéré comme son rival. Ce qui a eu pour conséquence des milliers de morts, de blessés et de déplacés dans l’ensemble du Kurdistan irakien. L’un des fameux exemples des ces alliances occasionnelles s’est produit en 1996 lorsque le PDK a eu recours à Saddam Hussein pour libérer la ville d’Arbil, sous contrôle de l’UPK. Tandis que ce dernier avait lié une alliance avec l’Iran.
Les alliances occasionnelles représentaient toujours les intérêts d’un groupe spécifique, d’une région, d’une ville. A l’évidence, l’un des résultats fût que les Kurdes n’étaient pas en mesure de construire une action politique homogène. Cette hétérogénéité de l’action politique a durablement affecté la société kurde, les intellectuels, les medias.....Une deuxième conséquence a été l’enrichissement des élites au pouvoir et de personnes proches du cercle des pouvoirs.
Les concepts de « l’alliance occasionnelle » et « l’intériorisation de l’action » sont étroitement liés. Qu’entend-t-on par « intériorisation de l’action » ? Toute action ou décision prise par un groupe politique quelconque, est dirigée et prise pour le propre intérêt du groupe et non pas pour l’ensemble de la population kurde. Donc, les contours politiques, militaires, économiques et médiatiques sont bien définis et sont étroitement liés à un groupe spécifique.  
Au début de l’année 2011, une vague de protestation populaire a conduit à la chute de deux dictateurs : Ben Ali de Tunisie et Moubarak d’Egypte. Ces soulèvements populaires ont fortement ébranlé les autres pays arabes. Le degré et l’importance du changement effectué est dissymétrique d’un pays à l’autre en raison non seulement du rôle de l’armée, de la volonté de la population, mais aussi celui de l’intervention des Etats-Unis, dont les facteurs endogènes et exogènes sont liés.
Les pays affectés par les soulèvements, sont des acteurs étatiques et jouent leur rôle selon leur importance sur la scène régionale et internationale. Les Etats-Unis suivant leurs intérêts géostratégiques ne sont pas intervenus de la même manière dans les différents pays arabes.
Les dénominateurs communs entre les pays arabes et le Kurdistan Irakien sont : la corruption généralisée, le manque de liberté d’expression, le népotisme, et un régime despotique.  En regardant l’histoire des Kurdes en Irak, on voit que les Etats-Unis ne sont pas intervenus dans les affaires Kurdes pour établir la démocratie, ni avant la chute de Saddam Hussein, ni après l’invasion de l’Irak. Tandis qu’à Bahrein, en Egypte, et au Yémen, les Etats-Unis sont intervenus de différentes manières et condamnent la répression des manifestants. Ce qui montre clairement le peu d’intérêt que les USA portent au pouvoir politique du Kurdistan irakien.
Le système politique devenu  impopulaire, établi par les deux chefs Massoud-Jalal du PDK et de l’PUK, commence à se fissurer sous la pression du peuple Kurde, du fait entre autre du manque de services sociaux, d’électricité, d’eau potable, conjointement à une corruption généralisée.
Hélas, les Kurdes n’ont pas su saisir l’occasion historique depuis l’émergence « de la zone de sécurité »  au lendemain de la deuxième guerre du Golfe, ni après la chute de Saddam Hussein, de faire naître un état de droit démocratique.
A travers « le temps » deux alliances permanentes sont restées intactes. La première est celle de l’intérêt d’un groupe politique quelconque, au détriment de la population kurde. Nous avons vu plus haut que l’action politique est dominée par l’intériorisation, donc excluant par la même logique tout intérêt collectif. En deuxième point, la manipulation permanente de la population kurde par quasiment tous les partis politiques kurdes.
L’extériorisation de l’action politique au Kurdistan irakien est inexistante, fragmentaire ou très faible. Par extériorisation on entend une seule action qui englobe l’intérêt collectif, basée sur l’ensemble géographique, ethnique, linguistique, culturel, politique, et socio-économique…. et non pas sur une région, une ville ou une tribu. L’extériorisation de l’action signifie l’élimination de l’intériorisation et la primauté de l’intérêt collectif sur l’intérêt individuel dans le « temps et dans l’espace ». Mais comment une « extériorisation de l’action » peut-elle émerger quand continuellement cette action est dominée, par une « intériorisation » dirigée et imprégnée par une culture de mercenaire ?
L’élite kurde actuelle et quel que soit son appartenance, appartient désormais au passé, elle est rejetée par la quasi-totalité de la population kurde. Hélas, elle est maintenue au pouvoir par la force brute de l’appareil de sécurité en place et une répression systématique.
L’alliance de «  l’opposition » politique (Yekgirto, Komele et Gorran) doit ignorer les éphémères gains comme quelques portefeuilles ministériels à Bagdad, et voir l’intérêt de  l’ensemble du peuple Kurde.
Comment peut-on éliminer l’intériorisation de l’action et faire en sorte que l’intérêt collectif domine dans « le temps et dans l’espace »? Les événements du Caire et de Tunisie nous ont montré clairement qu’une population déterminée, en tant que telle est une force puissante qui est capable de renverser n’importe quel dictateur et de changer le paysage politique. Mais ce changement de paysage ne doit pas être qu’un changement de décor ou de forme, mais surtout un changement de rupture profond du point de vue social, économique et politique.
Bien qu’il y ait des différences fondamentales entre La Tunisie, l’Egypte, et le Kurdistan Irakien, ce qui s’est produit au Caire et en Tunisie peut se produire également au Kurdistan Irakien, mais il faut éviter toute «opposition » opportuniste. Il y a eu des manifestations à Soleimaniyé et dans d’autres villes sous contrôle de l’UPK, mais pas dans la région sous contrôle du PDK. Est-ce que  cela est dû simplement par le fait que la région sous le pouvoir du PDK  est quadrillée et contrôlée par leurs forces de sécurité, ou y-a-t-il d’autres facteurs qui ont œuvré pour qu’il n’y ait pas eu de manifestations dans cette région? «  L’opposition » (Yekgirto, Komele et Gorran) est-elle réellement consciente des autres facteurs ? « L’opposition » (Yekgirto, Komele et Gorran) n’a-t-elle pas pris en considération la situation des autres villes et régions du Kurdistan? La fragmentation de « l’opposition » est un des objectifs prioritaires du pouvoir corrompu du PDK et de l’PUK.
Changer le paysage politique au Kurdistan irakien peut se faire avec l’aide de l’ensemble de la population kurde et avec une nouvelle élite. Cette nouvelle élite doit être différente dans la manière de penser, d’agir et de voir un fait socio-politique et économique... La nouvelle élite doit avoir une histoire d’opposition, c'est-à-dire une élite qui n’a pas retourné sa veste en fonction des aléas de la route. Une autre condition serait que cette élite devrait être attachée à des principes et des valeurs, évidemment  à l’opposé de l’élite actuelle. Enfin, que cette nouvelle élite possède une conscience politique élargie ne se limitant pas seulement aux contours géographiques d’une ville, d’une région du Kurdistan irakien, mais incluant le plan national, régional et international. Ces critères concernant les nouvelles élites sont essentiels pour que naisse un vrai changement dans la durée, où l’intérêt collectif domine définitivement sur l’intérêt personnel.